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Nommé dans la catégorie jeune reporter du prestigieux Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre, dont le gagnant sera dévoilé le 12 octobre, le photographe palestinien réfugié en Egypte Loay Ayyoub espère pouvoir, cette fois, être présent à la cérémonie de remise des prix.
Originaire de Gaza City, Loay Ayyoub, 29 ans, a grandi au nord de l’enclave palestinienne.Sa passion pour la photographie est née au début de ses études de journalisme et relations publiques à l’université Al-Azhar de Gaza – où ont également étudié plusieurs de ses confrères, dont Motaz Azaïza, distingué pour son travail par le Prix Liberté, organisé par la région Normandie. « Je ne saurais décrire ma joie lorsque mon père m’a offert mon premier appareil photo », se souvient-il, dix ans plus tard.
L’année 2018, marque le lancement de sa carrière de photographe. Pour commémorer les 70 ans de la Nakba (la « catastrophe », l’exode palestinien de 1948), des manifestations se déroulent le long de la frontière entre Gaza et l’Etat hébreu. Violemment réprimées par l’armée israélienne, elles coûteront la vie à plus de cent cinquante Palestiniens et feront au moins dix mille blessés, selon le Centre de défense des droits humains Al-Mezan.
Les clichés de ces « Marches du retour » que capture alors Loay Ayyoub sont remarqués par le directeur de la photographie du quotidien américain The Washington Post et signent le début de leur collaboration. Le photoreporter devient également le correspondant régulier des journaux britanniques The Guardian et The Financial Times.
Lorsque débutent, le 8 octobre 2023, les bombardements israéliens sur la bande de Gaza en représailles des attaques terroristes menées par le Hamas, la vie de Loay Ayyoub bascule. « Je ne me suis jamais qualifié de reporter de guerre. Je le suis devenu », résume-t-il dans une note vocale échangée sur WhatsApp.
Sa voix est calme, entrecoupée de longues pauses quand il évoque les vies arrachées de ses confrères. Selon Reporters sans frontières, plus de cent trente journalistes palestiniens auraient été tués depuis octobre, dont au moins trente-deux dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions. « J’ai photographié de nombreux collègues tués pendant la guerre. Le dernier d’entre eux était Adel Zoroub, à Rafah. Cela fait très mal de se dire que vous pourriez être à la place de celui qui vient de mourir. »
Loay Ayyoub saisit toute la tragédie qui se joue devant son objectif : les déplacements de population du nord au sud, de Gaza City à Rafah en passant par Khan Younès, les scènes de panique aux abords des hôpitaux, les destructions de villes entières, la famine, la propagation de maladies mais aussi les enterrements de masse, parfois dans des fosses communes. Face à l’horreur, il dit s’être souvent répété : « Il n’y a pas de place pour la faiblesse. Tu dois continuer,tu dois rester debout. »
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